RADIO TELEVISION MOTAOG

La Voix de la Savane

À LA RENCONTRE …

Notre pays regorge plein de talents dans le domaine de la musique qu’elle soit traditionnelle ou moderne mais la plupart  de ces talents ne voient leurs rêves se réaliser que dans leur têtes, faute d’existence de promoteurs culturels mais surtout de l’absence d’une véritable politique nationale de promotion des arts et de la culture. Notre media, fidèle à son objectif, celui de  la revalorisation du patrimoine culturel de notre région,  est allé à la rencontre de DJAKAME Nantièbe ,le maître de la Kora.

La voix lourde accompagnée du son grésillant de la kora qui faisait figure de  générique d’ouverture de la radio communautaire chaque matin pendant des années est celle d’ un natif de Tamondjoaré-Ouest dans la commune de cinkansé 2. Notre équipe l’a retrouvé dans la mi- journée du dimanche dernier à son domicile, convalescent mais très hospitalier. Déscendant du célèbre clan Luab , un clan de chasseurs réputés, *Yua baan’d kaog* nous a avoué être devenu griot par la volonté des divinités de sa lignée. ” Mon arrière grand- père TAMMONE était griot, après lui, ce fût successivement deux de mes oncles , puis vint le tour de mon père. À sa mort, l’oracle n’a jamais cessé de me rappeler que c’était à moi d’hériter de la kora de mon père. J’ai hésité avant de finir par exsécuter par peur de représailles des divinités qui menaçaient de s’abattre sur ma famille. Voilà comment je suis arrivé à la kora”. Entre deux toussotements, il continue: ” Pour commencer, la kora de mon père, inutilisée des années durant, était presque hors d’usage. J’ai dû me rendre chez un griot de Nyoukpourma qui m’a exigé une somme de 15000f, une poule et la peau d’un animal abattu durant la chasse afin de me confectionner ma kora. Incapable de trouver surtout la somme d’argent , je suis revenu . Une fois la peau de bête et la calebasse trouvée, je me suis servi de la vieille kora de mon père pour confectionner la mienne et c’est ainsi que débuta ma carrière après une cérémonie d’initiation” . Du haut de ses 22 ans de carrière, l’artiste déplore de  n’avoir pas eu l’occasion de jouer sur de grandes scènes ou dans des festivals de renoms comme ses camarades du Burkina Faso mais il ne regrette pas car malgré tout, il est à l’abris du besoin et reste fier de continuer par servir sa communauté dans divers manifestations où sa présence est une exigence .

Il s’est montré parcontre très inquièt face à la disparition progressive des griots et redoute même que cette situation devienne définitive alors que la kora est pourtant indispensable pour la tenue de certaines cérémonies comme la chasse, l’intronisation d’un chef traditionnel,
les funérailles d’un patriarche gardien des traditions, etc. Pour permettre de garder le flambeau toujours allumée, le griot précise que toute personne désireuse de jouer la kora peut être initié par les anciens et invite les jeunes à s’intéresser à ce métier pour en  assurer la continuité.

Comme on peut le constater, nos valeurs cuturelles ancestrales sont en voie de disparution et ceci constitue un réel  danger pour l’avenir des peuples car un peuple sans identité culturelle et sans repère ne peut guère aspirer au dévéloppement . L’appel est donc lancé aux mordus de la culture pour que des initiatives soient prises afin de sauver ce qui peut encore l’être car la culture est ce qui nous reste lorsqu’on a tout perdu.

Robert DOUTI

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